Le soleil s’était éteint depuis des heures déjà, laissant place à un ciel d’encre où brillaient, parfois, entre les nuages sombres, quelques étoiles lumineuses. Un silence apaisant s’était installé dans le château à la place des incessantes conversations et des rires qui traversaient habituellement l’école. La salle commune des verts et argents était vide de toute présence, et les ombres que faisait vivre le feu étaient les seuls mouvements perceptibles.
Un plus haut, dans le dortoir des filles, un corps se tournait et se retournait, cherchant le repos dans les bras de Morphée, sans le trouver. Le jeune fille s’assit alors sur son lit, et regarda autour d’elle dans l’espoir peut-être de voir quelqu’un dans le même cas que le sien. Et comme elle ne le trouvait pas, l’élève étira sa silhouette fine et descendit d’un pas silencieux les escaliers de pierres froides, se rendant ainsi dans la salle commune. La jeune fille s’approcha alors du feu qui scandait sa musique si particulière, crépitant sous les buches de bois secs qui se fendaient en une gerbe d’étincelles rouge. A part le bruit qui provenait de la cheminée, rien d’autre ne se faisait entendre, et la jeune fille en soupira d’aise. Saoulée des gloussements et des cris des élèves, elle n’aspirait qu’à la tranquillité que seul pouvait lui procurer ce semi-silence. Pourtant, cela ne lui suffisait pas, et Pansy désirait plus que tout l’air frais de la nuit, qui, seul, pourrait l’apaiser, et lui donner ce semblant de liberté dont elle avait besoin.
La jeune fille sortit alors de la salle, remontant des cachots pour sortir par une petite porte secondaire qui lui évitait de se rendre jusqu’à l’entrée principale, et ainsi, bien des détours. Enfin dehors, une brise balaya les cheveux ébène de l’élève, et celle-ci inspira doucement l’air pur que lui tendait le vent, s’avançant vers le centre du parc, à l’abri de l’ombre des quelques arbres. Elle portait une nuisette blanche en coton qui contrastait vivement avec la noirceur de sa chevelure et l’ombre de ses yeux verts. Après la chaleur rassurante de ses draps, l’air frais de la nuit provoqua sur sa peau une succession de frissons, et Pansy, qui n’avait aucune envie de remonter pour chercher une épaisseur supplémentaire, au risque de réveiller les autres filles de son dortoir, avisa un pull trop grand pour elle qui gisait au pied du mur du château. Elle s’enveloppa dedans, respirant le parfum masculin qui s’en échappait. Elle ne savait qui l’avait abandonné ici, mais en était ravie.
Elle marcha un peu, cachant sa présence sous l’orée des arbres, puis, finit par s’assoir au pied d’un chêne, dans l’herbe qui s’humidifiait peu à peu. La jeune fille s’étira souplement, avant de réajuster les pans du pull-over dont elle ignorait le propriétaire qui glissaient de ses épaules nues. Quel qu’il soit, Pansy lui en était reconnaissante, bien qu’elle n’aurait sans doute ni l’occasion, ni l’envie de le lui dire. Apaisée, toute trace de fatigue ayant disparue, elle se laissa porter par la seule mélodie du vent dans les branches dénudées de feuilles et ses pupilles sombres glissèrent vers le ciel obscur, cherchant la quiétude de son esprit.